Livraison de chars Leopard 2 en Ukraine : des problèmes logistiques inexorables

Les tensions entre l’Ukraine et la Russie sont aujourd’hui telles qu’aucun Européen ne peut les ignorer. Pour répondre à cette crise, de nombreux pays européens décident de livrer des chars d’assaut au gouvernement ukrainien. Cependant, malgré l’annonce par le ministre des Affaires étrangères ukrainien Dmytro Kouleba que 120 à 140 appareils devaient arriver sur le sol ukrainien entre fin mars et début avril 2021, la logistique s’avère plus compliquée qu’espérée. Retour sur des difficultés qui pourraient retarder la mise à disposition des soldats ukrainiens de leurs premiers chars.

Première vague de contributions : des annonces rapides et optimistes

Fin janvier 2023, l’Allemagne annonce son autorisation de l’exportation et de la réexportation de chars Leopard 2 – dont les premiers exemplaires étaient très attendus par l’armée ukrainienne – vers ce pays. Même si Berlin espérait pouvoir mettre à disposition de Kiev 70 chars dans un premier temps, des oppositions internes se multiplient, notamment dans les cercles de défense. Et bien que le Royaume-Uni promette des Challenger 2 dès la fin du mois de mars et l’Allemagne de fournir des Leopard 2 entre la fin mars et début avril, leur mise à disposition pourrait être retardée en raison des difficultés logistiques engendrées par la concrétisation de l’opération.

Des infrastructures inadaptées aux classes de charge militaire

Les infrastructures allemandes en particulier (et européennes en général) ne sont pas prêtes pour assurer le transport des véhicules lourds à destination de l’Ukraine. Ainsi, il est clair que lors de sa réunification, l’ Allemagne a enterré tous ses panneaux de chars et de camions sur les autoroutes, comportant d’importantes informations sur les capacités de charge. Depuis, elle n’a plus construit de routes tenant compte des classes de charge militaire, ni de tunnels. Pire encore, les embranchements ferroviaires vers les dépôts militaires et les casernes ont, eux aussi, disparu.

Une opération complexe à planifier et à coordonner

Entre le retrait des matériels à leurs propriétaires, leur transfert aux ports de chargement et leurs acheminements vers leur destination finale, la logistique des armements nécessite donc une planification complexe. Engager ces procédures suppose la réquisition de bâtiments de transports, l’organisation de convois de troupes, et bien sûr, l’accompagnement des équipements par des systèmes de maintenances et des munitions qui doivent, elles aussi, bénéficier d’un transport adéquat. Tout cela est bien plus compliqué à mettre en place que de mobiliser la flotte naviguant sur la mer Noire ou sur la Baltique.

Quels engagements de la part des États participants ?

Le fait que le matériel soit offert gratuitement ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de coûts implicites associés à ces transferts. Des aides financières seront nécessaires et en particulier pour couvrir les frais de personnel additionnels et les services contractuels supplémentaires pour l’acheminement et le déchargement. On estime que les investissements liés à cette mission représentent un total compris entre 20 et 30 millions d’euros, dont 10% à 20% pour payer les services techniques exigibles.

Quelles solutions envisageables pour accélérer le processus ?

Pour accélérer la mise en place des renforts armés ukrainiens, les Européens devront prendre quelques mesures importantes et innovantes. La coordination internationale prendra du temps et des efforts : l’OTAN devra trouver des arrangements pratiques pour faciliter ce type de transferts, mais aussi des plans spécifiques pour chaque pays concerné. Les États européens peuvent aussi combiner leurs forces et leurs ressources afin d’améliorer leurs capacités d’acheminement et de gestion des stocks. Les chefs d’État de France, d’Allemagne, d’Angleterre ou encore d’Espagne, pourraient réunir leurs armées afin de coordonner leurs actions, une collaboration indispensable pour établir un plan efficace de manutention et de transport. La condition principale pour que l’Ukraine puisse disposer de ces matériels est l’efficacité et la rentabilité des transports, et pour cela, l’implication des forces armées alliées et une coopération inter-européenne sont essentielles. Seule une bonne coordination permettra à l’Ukraine d’accueillir ses premiers chars Leopard 2 d’ici la fin 2023.

Sources

Paul Dubain
Paul Dubainhttps://rnktv.fr
Créateur de Rnktv, j'en suis également le rédacteur en chef.

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